COVAX et Europe (Michèle Rivasi)

Résumé des commentaires de Michèle Rivasi[1], sur Covax, l’OMS et l’Europe face aux vaccins et aux firmes.

CSI n° 24 du 23/09/2021 (chrono vidéo : de 1 :04 :04 à -40 :12) http:// crowdbunker@csi

Cette députée européenne est responsable, pour son groupe (ALE) des relations entre l’Europe, l’OMS (Covax) et l’industrie pharmaceutique dans le cadre de la pandémie.

Elle est manifestement scandalisée et très en colère (« ça me rend dingue ») contre l’Europe et l’organisme COVAX. Elle les accuse de complicité dans le détournement de biens publics via le soutien d’une opacité (inacceptable puisqu’il s’agit d’argent publique), (a) des contrats passés entre l’Europe et l’industrie du vaccin (ils portent sur des sommes faramineuses), (b) de la composition réelle de l’organisme COVAX (ses responsables ne sont ni élus, ni exempts de conflits d’intérêts avec l’industrie du médicament) et (c) de la traçabilité des fonds qui lui sont versés par l’Europe (4.7 milliards d’€).

Elle pointe nommément du doigt le groupe parlementaire de Mr Macron (Renew Europ) qui, avec les conservateurs et les anti-Europe s’oppose à la transparence demandée par son groupe.

1- A propos de « COVAX ». Elle nous apprend que

- initialement (au début de la pandémie) l’OMS, forte de son expérience avec l’épidémie de SIDA, avait imaginé cette organisation pour garantir une distribution équitable des doses de vaccin entre pays riches et pays pauvres. Les doses devaient être payantes pour les états riches et gratuites pour les états pauvres (L’Europe a payé plus de 4.7 millards d’€ à Covax).

-Les firmes pharmaceutiques ont refusé de traiter directement avec l’OMS, tuant ainsi dans l’œuf le projet d’équité. Covax est ainsi devenu le fournisseur de vaccins aux seuls pays pauvres. Comme la demande excédait fortement l’offre, la « loi du marché » ainsi que celle du « chacun pour soi » ont mené la danse.

- Les USA et l’Europe ont ainsi conclu avec ces firmes des contrats qui leur garantissaient la priorité dans l’accès aux vaccins. L’Europe a signé six contrats (opaques) et s’est ainsi engagée à pré-acheter 4.7 milliards de doses (pour ses 450 millions d’habitants !!).

Peu de choses ont filtré sur ces contrats mais on sait que (a) l’Université d’Oxford (AZ) a promis de fournir les doses à leur prix de revient : 1.75€, (b) Pfizer vend ses doses à 15€ et (c) Moderna à 19€ et (d) qu’ils ils prévoient des augmentations notables à 50€, voire plus.

Le contrat avec Pfizer, dévoilé par un journaliste italien, (et il en va probablement de même avec les autres) prévoit que tous les frais liés à d’éventuelles poursuites judiciaires (indemnisation des victimes et frais d’avocats) seraient entièrement pris en charge par les états. Ils se garantissent ainsi une totale impunité en se dégagent de toute responsabilité vis-à-vis des effets secondaires et des décès liés à leurs vaccins.

-L’Afrique et les pays pauvres : Covax devait théoriquement approvisionner ces pays avec le vaccin le moins cher (AZ à 1.75 €/dose) mais les états ne leur ont fourni que 200 millions de doses pour des besoins 10 à 20 fois supérieurs. Cette pénurie allait être compensée par l’ouverture d’un site de production AZ en Inde mais l’épidémie dans ce pays a dévié toute la production vers ce seul pays. L’OMS/ Covax s’est alors tourné vers les vaccins chinois tandis que certains pays africains (Ghana, côte d’Ivoire) signaient des contrats (payants) avec la firme AZ. Beaucoup d’autres ont refusé devant les exigences d’impunité et de non responsabilité des firmes (et, dans les pays peu solvables, la mise sous hypothèque des richesses du pays).

La couverture vaccinale de l’Afrique est ainsi, à la mi-août 2021, de 1.4% mais elle « bénéficie » des excédents de doses stockés par les pays riches mais blacklistés en raison de leurs effets secondaires (AZ et JJ). L’Afrique crée alors son propre système Covax, le AWAK, qui achète les deux vaccins « déclassés », AZ et JJ.

- A propos de la « troisième dose » : l’OMS, s’alignant sur les recommandations de l’EMA (Europe) et la CDC (USA), rejette cette proposition tandis que plusieurs pays européens décident de l’imposer aux plus de 65 ans (voir à tous).

La députée européenne accuse donc ouvertement l’Europe de complicité de détournement de fonds publics par

1- l ’opposition de certains groupes parlementaires à exiger (a) l’indépendance des dirigeants de Covax avec les pays riches et l’industrie pharmaceutique, (b) la traçabilité des 4.7 milliards donnés, (c) L’accès aux contrats signés entre l’Europe et les firmes pharmaceutiques et (d) la levée temporaire du droit de propriété intellectuelle sur les brevets. Après le changement de position des USA et de la France, l’Allemagne seule persiste pour protéger son enfant (devenu tout-puissant), la firme Pfizer.

2- la non prise en compte par les firmes du fait que la majeure partie des recherches sur lesquelles elles fondent le développement de leur technologie ont été financées par des fonds publics.

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Mon sentiment personnel en écoutant cette députée est que nous assistons ici au plus grand hold-up jamais imaginé dans l’histoire de l’humanité. Quelques firmes « crapuleuses » sont parvenues, en toute légalité et en quelques mois, à « sucer le sang » des caisses de la sécurité sociale de tous les pays riches en s’appropriant les fruits du travail de milliers de chercheurs brillants et très mal payés par des fonds publics, c'est-à-dire par nous tous. Quel électrochoc faudra-t-il pour que nous sortions de notre léthargie ?



[1] Née en 1953, , diplômée de l’ENS des lettres et des sciences humaines, députée européenne (Europe-Ecologie/ les verts) depuis 2009